18 mai 2020

Escuela Grind | Indoctrination (2020)




Ceux qui croient encore que l'ultra violence reste l'apanage des hommes, devraient oser poser une oreille (mais peut-être pas plus) sur Escuela Grind. A son bord, deux nanas (entre autres), au physique par ailleurs plutôt agréable, qui n'ont donc rien mais absolument rien, à envier à leurs homologues masculins en terme de boucherie sonore. Mieux (ou pire, c'est selon), "Indoctrination" s'impose même comme un des outrages les plus sauvages subis depuis longtemps ! Malgré leurs attributs féminins, Katerina Economou et Kris Morash hurlent (pour la première) et font trembler les murs (pour la seconde et sa basse vomissante). A leurs côtés, le batteur Jesse Fuentes et le guitariste Jason Balthazar Eldrige participent à la cacophonie ambiante. Tous les quatre se montrent çà l'unisson d'une brutalité épidermique. Il faut entendre la chanteuse (?) éructer comme une bête qu'on égorge, dégueuler ses viscères à la manière d'un étendard ensanglanté  Entre grindcore et powerviolence, ce premier crachat longue durée (?) enfile 17 saillies en moins de trente minutes avec la férocité sale du punk hardcore, puisant son stupre dans une urbanité méphitique et pourrissante.



Tous les voyants sont au rouge pour régurgiter une bouillie quasi bruitiste dont les textes se nourrissent du contexte anxiogène de la société moderne. Enchaînés ainsi les uns et les autres sans le moindre répits, la moindre éclairci (ou presque), ces titres pétrissent une espèce de masse au contours flous, grouillant d'une nocivité au goût de rouille.  D'une telle décharge de rage, on sort totalement sonné, les entrailles remuées comme lors d'une fibroscopie un peu rude.  Et si de ce viol intense, on ne comprend pas tout, les Américains pausent, tout d'abord en plein milieu puis en guise de conclusion, deux instrumentaux ultra pesants qui surnagent au-dessus de ce torrent fielleux, écume qui  charrie néanmoins un foutre corrompu. Plus que l'interlude, d'un même format que les autres pistes, c'est surtout l'outro 'Indoctrined', propageant dix minutes chaotiques et ferrugineuses, qui tranche avec le reste du menu, manière d'achever celui-ci sur une note plus malsaine, voire expérimentale, mais pourtant ô combien perturbante et chargée d'une radicalité identique. Avec "Indoctrination", Escuela Grind profère un premier album aux allures de pamphlet, brûlot aussi enragé qu'engagé dont on ne sort pas indemne, le corps et l'âme retournés, lessivés, à jamais meurtris... (09.03.2020) ⍖⍖


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