22 août 2018

KröniK | On Thorns I Lay - Aegean Sorrow (2018)


Longtemps indissociable de l'écurie Holy Records, On Thorns I Lay nous rappelle cette époque, les années 90, où fleurissaient les VPCistes dont les catalogues fourmillaient de petites productions venues des quatre coins de l'Europe. Associé, aux côtés de Rotting Christ, Septic Flesh ou Nightfall, à l'émergence de la chapelle extrême hellénique, ce groupe a débuté dans une veine death doom dont "Sounds Of Beautiful Experience" puis "Orama", gravés respectivement en 1995 et 1997, furent les magnifiques écrins, avant de lever l'ancre pour naviguer sur des eaux plus electro ("Crystal Tears") ou expérimentales ("Future Narcotic"), pour un résultat surprenant mais tout aussi superbe. Mais en signant ensuite chez son compatriote Black Lotus, les Athéniens ont peu à peu entamé leur déclin pour plus ou moins disparaître lorsque ce label a mis la clé sous la porte.


On peut affirmer que On Thorns I Lay, sorti discrètement de son sommeil en 2015 grâce à "Eternal Silence", signe enfin avec "Aegean Sorrow" son véritable retour. L'appui de Alone Records devrait lui permettre de se rappeler aux bons souvenirs de ses nombreux fans qui l'avaient quelque peu oublié. Ces derniers seront (agréablement) surpris de voir la formation, déserter les rivages du (hard) rock atmosphérique à la Anathema période "A Fine Day To Exit" que "Egocentric" (2003) avait exploité sans grand bonheur, pour entamer un virage à 180° vers son glorieux passé. Bref, plutôt que de suivre la direction des frères Cavanagh, les Grecs ont préféré suivre l'exemple d'un autre groupe anglais de sa génération, celui de Paradise Lost, à un niveau plus modeste s'entend. Bien leur a pris, car cette huitième offrande s'impose d'emblée comme leur meilleur effort depuis l'époque bénie d'Holy Records. Il s'agit d'un pur album de doom death à l'ancienne, comme on en concevait il y a plus de vingt ans, sans pour autant être recouvert d'une épaisse couche de poussière. Qui mieux que Dan Swanö, qui l'a mixé et masterisé au sein des Unisound Studios, pouvait accompagner le groupe dans sa démarche, anachronique sans doute mais ô combien jubilatoire ! "Aegean Sorrow" abrite dans ses moindres recoins cette précieuse patine old school et ce feeling mélancolique qui tire toutes les larmes du corps. Il suffit d'écouter l'ombrageux 'The Final Truth', qui ne pourra d'ailleurs qu'évoquer le combo d'Halifax, pour avoir l'impression de faire un bond dans le temps avec cette longue pièce toute en clair-obscur où le chant clair dispute l'espace à une voix abyssale. Lignes de guitares obsédantes aux allures de vigie perçant la brume, silhouette osseuse d'un violon misérable ou notes grêles d'un piano spectral alimentent un menu dont le titre éponyme, 'In Emerald Eyes' ou 'Erevos' forment les gemmes les plus ensorcelantes. Plus lourd et agressif dans sa première partie, le diptyque 'Olethros' a quant à lui quelque chose d'un retable qui s'ouvre sur une beauté insoupçonnée. On Thorns I Lay signe un come-back réussi, qui se double d'une belle résurrection du doom death des années 90. (26/02/2018)

3.5/5 | Music Waves

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