20 janvier 2017

Interview | Remote (janvier 2017)


Entretien réalisé par mail avec Remote, auteur d'un "Resilient", bien rude, qui fait saigner les muqueuses.

Remote, qu'est-ce que c'est ? Qui compose le groupe ?
Remote c’est un quartet parisien  (batterie: mathieu, guitare: thomas, basse: pierre, chant: alain)  qui existe depuis un moment et dont le line up s’est stabilisé en 2010.

Vous êtes basés en région parisienne. Vous sentez-vous faire partie d'une famille de musiciens ou à tout le moins, d'une scène en particulier ?
Se sentir comme faisant partie d’une scène je ne sais pas. On est potes avec pas mal de groupes sur Paris, de là à dire qu’on fait partie d’une même scène je ne pense pas. Les premiers qui me viendraient à l’esprit avec lesquels on se sent proches à la fois musicalement et humainement ce serait Comity et Warsaw was Raw mais y en a plein d’autres. On est aussi potes avec des assoc’ qui ont des programmations super hétéroclites, on se sent aussi, et surtout, proche de ça. Je ne pense pas qu’on appartienne à une scène en particulier sinon on serait estampillé tel label et ce n’est pas le cas. Et finalement ça ne t’enferme dans rien donc c’est tant mieux.

Peut-on dire de vous que vous recherchez à repousser certaines limites, celle d'une violence totalement chaotique ?
Pas consciemment en tout cas. Je pense qu’il y a toujours des groupes plus extrêmes que toi et globalement ce n’est pas notre propos, ce n’est pas une course. On cherche avant tout à fouiller nos compos et à aboutir à quelque chose qu’on kiffe vraiment jouer, qui ne ressemble pas à un autre morceau. Le fait est que ça peut sonner violent mais c’est vraiment le fruit d’un processus qui est devenu naturel avec le temps, entre nous, et on n’y pense pas. On se concentre plus sur l’intention qu’on met dans chaque riff, son impact, les nuances d’atmosphère que ça peut apporter. Après, si ça te fait saigner du nez et remuer le bide à la fois c’est qu’on s’est pas trop planté ahah...

N'y a-t-il pas une forme de nihilisme qui suinte du matériau rageur que vous forgez ?
Oui, c’est une partie du carburant. Remote est aussi une catharsis pour nous, le moyen de vider ce trop-plein de négativité (plutôt que nihilisme, qui suppose une certaine posture idéologique) pour continuer à avancer. Faut juste savoir en faire un truc intelligent et ne pas t’y empêtrer, t’en servir pour ton son et surtout le laisser dedans pour t’en débarrasser.

Le genre auquel on est tenté de vous rattacher parait assez encombré. D'après vous, qu'est-ce qui vous distingue de vos confrères de douleur ? Peut-être une forme de radicalité ?
Ca dépend, de quel genre tu parles exactement ? On est assez mal placé pour savoir ce qui nous différencie d’autres groupes auxquels on pourrait être apparenté. Je pense que t’es le mieux placé pour répondre en fait, on ne saurait être objectifs sur la question. On nous met une étiquette différente par chronique. On ne cherche pas à appartenir à un genre ou une scène en particulier.
“Radicalité” peut-être, on a certainement des partis pris qui sont extrêmes. On aime réfléchir à ce qui pourrait surprendre l’auditeur à tel ou tel moment. C’est un peu un jeu de créer la surprise, sans pour autant en faire un leitmotiv.




"Resilient", votre nouvel opus arrive presque trois ans après le premier. Comment expliquer ce délai ? Vos occupations respectives ? L'envie de prendre votre temps, sans pression particulière ?
Oui il s’est passé 2 ans et demi entre les 2 albums... Après la sortie de "Starving", on a eu du mettre Remote entre parenthèses pendant 1 an pour des raisons personnelles. Ensuite on s’est mis sur la composition de "Resilient". On aime prendre notre temps pour composer, il faut qu’on soit satisfait de tous les morceaux à 200% presque au détail près des fois… Cette année Éric nous a rejoint et nous aide beaucoup. Il est en grande partie responsable de la sortie de "Resilient" en LP, ainsi que Guillaume/El Mariachi. Il nous a accompagné en tournée en mai/juin 2016, il s’occupe de tout au niveau booking, promo, etc… Ça nous aide beaucoup, et nous permet de nous concentrer beaucoup plus sur la création, ça fait du bien !

Avez-vous procédé de la manière pour élaborer ces deux albums ?
Globalement les méthodes de compos étaient assez similaires. Sur les 2 albums, Thomas a ramené pas mal de morceaux quasi achevés. La différence c’est que pour Resilient, tout a été beaucoup plus réfléchi, chaque détail a été débattu entre nous. Pour aboutir à un morceau définitif ça a été un vrai travail collectif qui a pris plus de temps en amont.

Vous avez montré par le passé que des titres longs n'étaient - parfois -  pas pour vous déplaire. Les avez-vous totalement abandonnés ?
On a 'The Moment' qui finit “Starving”, et 'Plagues and Rats' qu’on retrouve sur le split avec Barren Womb. Effectivement on ne les joue plus sur scène, ça prend trop de place sur une set list et on préfère enchaîner des morceaux plus énergiques en live. Mais sur "Resilient" on a plein de formats de morceaux différents : Milgram Park par exemple ou la fin de 'Key to Parasite' peuvent remplir ce rôle de ‘respiration’. Peut-être qu’il y en aura un long sur le prochain, qui sait ?




Les deux albums sont accessibles en téléchargement libre sur votre page Bandcamp. Pourquoi une telle démarche ? Par contre, vous êtes attachés au format vinyle...
On a pas mal discuté entre nous et avec d’autres musiciens sur ce sujet et le téléchargement libre nous apparaît comme étant le meilleur outil promo. Et ton album finira toujours par être dispo en téléchargement, que tu le veuilles ou non. Autant que ce soit fait comme on veut et dans une bonne qualité. Dans la scène on a la chance d’avoir des gens qui écoutent beaucoup gratos avant d’acheter mais qui achètent quand même à la fin. Le vinyle reste un plus bel objet et il restitue mieux l’intensité d’une musique. Si tu regardes les chiffres de 2016 tu verras que le vinyle a fait un bond spectaculaire dans les ventes et c’est cool. Bandcamp reste un outil formidable, mais quand je veux un album je l’achète en vinyle pas en digital, on a la chance d’avoir plein de bons disquaires bien fournis à Paris donc il faut continuer à les faire vivre. 

Vous confiez vos artworks à Benjamin Moreau (Huata). Comment collaborez-vous avec lui ?
Je le connais depuis un moment et on aime son travail donc ça s’est fait assez simplement. Il a pigé assez vite vers quelle direction on voulait aller et on lui a laissé carte blanche au début, on lui a filé les morceaux, les textes et quelles idées ils sous-tendent. On est assez contents de ce qui en est ressorti.

Quels sont vos projets pour cette année ?
Faire de la scène, le plus possible, une tournée éventuellement plus tard à l’automne et surtout enregistrer un EP. On a la majorité des morceaux, un thème général et des idées/envies de collaborations donc ce sera à concrétiser dans l’année.


A lire : "Resilient"


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