23 décembre 2016

KröniK | Remote - Resilient (2016)


Aller toujours loin, s'enfoncer dans les ténèbres intimes jusqu'à l'os. Jusqu'à la mort. Tel semble être le cri de ralliement de toute une génération de hordes énervées qui n'ont de cesse de repousser les limites d'une brutalité aussi viscérale que chaotique. Remote en fait partie. Incontestablement. Affilié à des entités telles que HKY ou Quartier Rouge toutes aussi rageuses, il accouche avec "Resilient" d'un crachat aux allures de punition.
Il y a des noms d'ailleurs qui ne trompent pas, ceux de Nick Zampiello qui l'a masterisé, de Sylvain Biguet qui l'a enregistré ou de Benjamin Moreau qui l'a habillé d'un artwork torturé et (forcément) malsain. Des hommes de qualité, des hommes de goût, révélateurs du contenu bestial qui bouillonne dans les entrailles de cet album qu'irrigue une semence épileptique, nourrie au post hardcore et au sludge le plus goudronneux, bref, les deux faces d'une même pièce rongée par la colère. Douze titres s'enchaînent sans interruption durant à peine plus de trente minutes au compteur, c'est dire si les Parisiens arrachent tout sur leur passage, n'ayant que faire des tendres préliminaires, préférant aux lentes saillies les féroces coups de boutoir. Grenade trapu ne franchissant que rarement la barre des trois minutes, chaque morceau a quelque chose d'une éjaculation furieuse qui vous crache à la gueule une négativité crasseuse. Dès 'Fading Away' qui écarte les lèvres de ce gouffre vertigineux et jusqu'au terminal 'Key To Parasite', jamais la tension ne dessert ses crocs. Explosif le plus souvent, quasi punk dans l'âme, témoin le radical 'Citizen Nausea' et dans cette façon de stopper brutalement certains titres ('Nootropics Of Cancer'), le groupe n'aime pourtant rien moins que s'abîmer dans les profondeurs d'une cavité charbonneuse. De fait, quand il se lance dans l'érection d'instants pétrifiés (les terrifiants 'Astral Urge' et Migram Park' pour n'en citer que deux parmi les plus visqueux), son art de la douleur se fait plus noir et définitif encore, ouvrant les vannes d'une violence aussi viciée qu'hallucinée. Fort d'une maîtrise gangrenée par une rouille mortifère, tous les musiciens sont à l'unisson d'une fureur déglinguée et ferrugineuse ('Light Lapse'), creusant à la surface de ces compositions des cratères au fond desquels infuse un nihilisme poisseux. Bien que travaillé de l'intérieur par de multiplies forces qui l'écartèlent et lui confère une densité suffocante, « Resilient » file très vite mais sa courte durée, loin d'être un frein à son intensité se révèle amplement suffisante en ce sens que son écoute nous vide de notre sang. On termine à genoux, exsangue et pourtant prêt à tendre déjà l'autre joue... (2016)






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire