Les 17, 18 (en Allemagne) et 25 juin (à
Birmingham) marquent le retour de Ritchie Blackmore sous les couleurs de
l'arc-en-ciel. Ces trois dates sont événementielles car cela fait alors vingt
ans que l'homme en noir n'a pas foulé une scène en dehors du giron acoustique
qu'il forme avec sa muse Candice Night depuis 1997 et ce quand bien même il n'a
pas manqué de visiter régulièrement son ancien répertoire, en studio ('Child In
Time' sur « The Village Lanterne », 'Temple Of The King' sur
« Dancer And The Moon ») ou en live, occasions pour lui de ressortir
sa légendaire Stratoscaster blanche pour le plus grand plaisir des fans parmi
lesquels nombreux sont ceux à n'avoir jamais fait le deuil de son passé
électrique. S'ils se sont soldés par un chaleureux succès, ces trois concerts
n'en non pas moins fait râler les éternels grincheux. Premier reproche fait à
Ritchie, cette réunion est moins une reformation de Rainbow à laquelle aucun
ancien membre, hormis le maître des lieux bien entendu, ne prend part, que la
réunion de musiciens, dont la plupart jouent (le batteur David Keith, Candice
aux choeurs et jamais bien loin de sa légende de mari) ou ont joué (le bassiste
Bob Nouveau aka sir Robert Of Normandie, Jens Johansson de Stratovarius en tant
qu'invité sur « Under The Violet Moon ») avec Blackmore's Night,
autour du ténébreux guitariste. C'est oublier que celui-ci a toujours préféré
s'entourer d'un personnel neuf plutôt que de faire appel à de vieux
combattants, comme ce fut le cas en 1995 lorsqu'il relança le groupe suite à
son départ de Deep Purple, s'entourant alors de jeunes loups et non pas des Joe
Lynn Turner, Bobby Rondinelli et consorts qui n'attendaient pourtant que cela.
Deuxième reproche, Ronnie Romero (Lords Of Black) fait pale figure à côté de
tous ces grands chanteurs qui ont accompagné Ritchie, de Ian Gillan à Dio, de
David Coverdale à Graham Bonnet, grief sur lequel nous reviendrons plus loin.
Troisième et dernier regret, justifié celui-ci, la setlist retenue ne sort
jamais des sentiers battus quand nombre de pépites, extraites de « Down To
Earth »,« Straight Between The Eyes » ou même « Stranger In
Us All » moins connues auraient facilement pu s'y glisser à la place
d'hymnes purpleliens qui représentent à eux seuls une bonne moitié du
programme ! Là encore, quitte à revisiter le riche répertoire de Deep
Purple, pourquoi ne pas avoir remplacé les «'Perfect Strangers', 'Black Night'
et autre 'Smoke On The Water' archi rabachés par des titres issus de
« Stormbringer » ou de l'injustement oublié «Slaves And
Masters » que le six-cordiste tient pourtant pour un de ses
préférés ? Edité en plusieurs formats (CD et/ou DVD avec ou sans
livre), « Memories In Rock : Live In Germany » pioche comme son
nom l'indique dans les deux concerts allemands. Quoiqu'on aurait préféré qu'il
privilégie la date britannique qui a vu le groupe briller encore davantage, ce
live ne peut que ravir les inconditionnels de l'ombrageux troubadour. Le menu
démarre avec 'Highway Star' suivi de 'Spotlight Kid' dans des versions qu'on a
connu plus mémorables. Alors qu'il a toujours eu besoin de un ou deux titres
pour s'échauffer, l'Homme en noir paraît tout d'abord qui plus est crispé,
presque rouillé et il faut attendre l'immense 'Mistreated' pour que son jeu
flamboyant se réveille vraiment. Difficile, cette composition mythique permet
en outre de mesurer le talent de Ronnie Romero qui se frotte avec aisance à ce
classique, quand bien même, il n'égale pas tout à fait ses aînés, Glenn Hughes
en tête dont on a encore en mémoire certaines interprétations atomiques en
solo. A ce titre, qui peut affirmer que le vocaliste, malgré un déficit en
charisme et une attitude scénique parfois agaçante dans sa manière d'haranguer
le public, n'assure pas son rôle ? Capable aussi bien d épouser les
lignes vocales de Dio, Turner, Coverdale ou Gillan, ce qui n'est pas donné à
tout le monde, reconnaissons-le, sa performance n'est émaillée d'aucune vraie
faiblesse, ce qui n'est pas non plus un mince exploit lorsque l'on se trouve
dans le viseur d'une forte personnalité de l'acabit de Blackmore, pas vraiment
réputé pour être bienveillant avec ceux qui l'accompagnent ! Alignant les
habituels 'Since You've Gone ', 'Long Live Rock'n'Roll', 'Man On The
Silver Mountain', le canevas de ces concerts se révèle certes avare en réelle
surprise, reste que pouvoir admirer, peut-être pour une des dernières fois, le
maestro se frotter à l'émotionnel 'Catch The Rainbow' ou à l'épique
'Stargazer', n'a pas de prix. Ce sont d'ailleurs les pièces les plus lentes,
les plus longues qui lui permettent de démontrer que son touché unique demeure
intact et inimitable. 'Child In Time', couplé à « Woman From Tokyo' et
'Perfect Strangers' complètent cette envoûtante série. Au final, si
« Memories In Rock » ne détrônera jamais dans notre cœur « On
Stage » ou « Live In Munich 1977 » et que la comparaison avec le
« Boston 1981 », édité au même moment ne joue pas forcément en sa
faveur, on ne saurait bouder notre plaisir à son écoute d'autant plus que, si
quelques dates supplémentaires sont dors-et-déjà envisagées, une reformation
durable semble hautement improbable. Ce qu' on ne peut que regretter,
surtout quand on sait que Ritchie a composé ces dernières années plus de deux
cents titres dans cette veine électrique, sans doute condamnés à rester dans
ses tiroirs... 4/5 (2016)
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