Il ne fait aucun doute que, si son chanteur, ne
participait pas à la résurrection du grand Rainbow, le temps de trois concerts
durant l'été 2016 et dont on espère qu'ils ne seront que le prélude à une
réconciliation durable entre Ritchie Blackmore et la cause électrique qu'il a
déserté depuis trop longtemps (ceci est une autre histoire), Lords Of Black ne
bénéficierait pas aujourd'hui ni de la même exposition ni probablement du
soutien de Frontiers Records, actuelle maison de disques de l'Homme en noir qui
édite son deuxième album. Non pas que ce groupe espagnol soit mauvais, bien au
contraire, cependant son premier effort n'ayant pas laissé un souvenir
indélébile dans les mémoires, son successeur aurait alors certainement, sans
cette publicité bienvenue, suivi un chemin identique. Mais, nombreux sont ceux
à se demander qui est donc ce Ronnie Romero, presque inconnu en dehors de sa
cage d'escalier que le ténébreux guitariste a préféré à ses anciens comparses
pourtant tous disponibles. Ceci étant, il nous avait déjà fait le coup en 1995
en recrutant le peu connu Doogie White alors que Joe Lynn Turner était prêt à
remettre le couvert. Si une vidéo dévoilant le chanteur en train de se frotter,
non sans puissance et talent, au classique 'Stormbringer', a de suite rassuré
les plus septiques, n'allez toutefois pas croire que Lords Of Black trempe son
manche dans une palette aux couleurs pourpre ou arc-en-ciel. Quoique que
traditionnel, sa musique creuse avant tout le sillon d'un power metal comme en
usinent les aciéries scandinaves ou d'Outre-Rhin, sombrement mélodique et
vaguement progressif, ancrage confirmé par la présence derrière la console du
bassiste de Helloween, Roland Grapow, responsable de la prise de son, du mixage
et du mastering de cet album sobrement baptisé "II". Si, à l'image de
sa pochette et du nom de ses auteurs, il
ne respire pas vraiment l'originalité, au moins l'ensemble se montre-t-il d'une
efficacité à toute épreuve, rempli de cavalcades de guitares, de claviers et
piano aux teintes ténébreuses et de vocalises haut perchées. Passée l'intro de
rigueur, le menu aligne un premier front de titres solides à défaut d'être
exceptionnels. Malgré un air tenace de déjà-entendu, force est d'admettre que
"Merciless', 'Only One Life Away' ou 'Everything You're Not' creusent de
profonds stigmates dans la mémoire, hymnes irrésistibles taillés pour la scène
que propulse l'organe de feu de Ronnie Romero vers lequel nos pavillons sont
forcément braqués. Bien que son timbre puisse en rappeler d'autres (en vrac le
Jorne Lande de la grande époque, Pasi Rantanen de Thunderstone...), le bonhomme
nous régale et sauve à coup sûr ces compositions de la banalité et ce,
nonobstant les interventions acérées du guitariste (et co producteur) Tony
Hernando. Dommage en revanche que l'écoute traîne quelque peu en longueur, la
faute à une seconde partie moins mémorable, qui s'essouffle. Du haut de ses
neuf (interminables) minutes au compteur, 'Ghost Of You' démontre ainsi qu'un
format court, plus resserré, sied au contraire davantage aux Espagnols. Reste
néanmoins un album robuste et (très) bien fait qui devrait sans peine emporter
l'adhésion des amateurs de heavy metal épique aux entournures. La reformation
de Rainbow ne durera probablement pas mais elle nous aura au moins permis de
découvrir un bon groupe et un chanteur au potentiel énorme. 3,5/5 (2016)
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