28 mars 2016

Goatess | Purgatory Under New Management (2016)


En attendant de pouvoir déguster "Gates Of Flesh", la prochaine cuvée de Lord Vicar, nous ne saurions trop conseiller aux admirateurs de son chanteur, Christus, de se jeter sur "Purgatory Under New Management", sa seconde offrande sous la bannière de Goatess, groupe qu'il a fondé en 2009. Faut-il encore présenter Christian Lindersen (son vrai nom), vétéran de la scène doom et stoner suédoise ? De Count Raven à Terra Firma en passant par Saint Vitus, son palmarès laisse rêveur et sa contribution au genre force le respect. Bref, fils spirituel d'Ozzy Osbourne, avec lequel il partage cette même voix un peu nasillarde de canard embrumé, l'homme est une légende et les rondelles qu'il hante de sa présence tutélaire, sont autant le gage d'une qualité indélébile que d'une teneur en plomb sabbathien. Goatess est le réceptacle de sa dévotion à un style qui est en réalité bien plus que cela mais un véritable sacerdoce, Passion qui va au-delà de la simple musique. Trois ans après un premier jet éponyme déjà excellent, "Purgatory Under New Management" enfonce encore davantage le clou, chapelet fabuleux fait du doom le plus pur, celui qui n'oublie jamais ses racines heavy. Parfois très proche du Sabbat Noir originel, comment ainsi ne pas songer au dinosaure anglais en écoutant  des hosties coulées dans le fer de l'acabit de 'Shadowland' ou 'Silent War', l'œuvre est une manière de leçon, enfilade de perles toutes plus jouissives les unes que les autres, où émerge cependant le gigantesque 'Wrath Of God', cathédrale de désespoir dont les piliers sont ces lignes de guitare profondément ancrées dans les abîmes de la terre, dignes d'un Tony Iommi en très grande forme. Profitons de l'occasion d'ailleurs pour souligner le travail abattu par le dénommé Niklas, dont le jeu tour à tour tellurique ou racé propulse ces compos vers des sommets, comme l'illustre 'Crocodilians And Other Creepy Crawling Shhh...' qu'il zèbre d'un lancinant solo aux teintes psyché. Il forme avec Christus l'arc-boutant principal de cet édifice aux robustes soubassements. Ultra pesants quoique dynamiques, ces titres reposent sur une architecture sinueuses, témoin ce 'Moth To Flame' qui, après une entame presque légère (tout est relatif), plonge brutalement au bout de deux minutes, dans l'obscurité d'une crypte dont les marches semblent s'enfoncer dans les ténèbres. Si certains morceaux se révèlent plus accrocheurs, à l'image de 'Murphy Was An Optimist', l'ensemble est prisonnier d'une épaisse gangue rocailleuse suintant une mélancolique beauté mais se pare pourtant d'un suaire chamarré. Il n'y a rien, absolument rien à jeter de cet opus qui récite le credo avec une admirable science du riff sentencieux et des vocalises solennelles. Un chef-d'œuvre ? Peut-être pas mais Goatess n'est pas tombé loin... (2016) 



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