13 avril 2014

From the grave | Striborg - Autumnal Melancholy (2008)



Etes-vous déjà aller voir le rayon Striborg (quand il existe !) des disquaires ? Le spectacle est effrayant. Plein à craquer, ça déborde, ça vomit de partout. Pourtant le groupe n’est actif que depuis une dizaine d’années et pond ses méfaits longue durée seulement depuis 2004. Mais voilà, Sin Nanna, le misanthrope qui l’incarne tout seul comme un grand garçon (monsieur fait tout, s’il vous plaît) souffre de diarrhée créative. Pas un mois ou presque sans un nouvel opus, un split quelconque. L’éloignement géographique – le gugusse vit reclus en Tasmanie – peut, il est vrai, expliquer ce stakhanovisme car généralement il ne s’agit que de rééditions d’albums enfantés depuis bien longtemps. Mais à l’arrivée, on s’y perd un peu. Tant est si bien que lorsque l’on tient entre ses mains Automnal Melancholy, on ne peut s’empêcher de se demander s’il s’agit bien du dernier étron de l’entité (forcément) mystérieuse. Vérification faite, on tient bien là de l’inédit. Enfin, inédit est un grand mot, tant Striborg donne l’impression de ne connaître qu’un seul registre, celui du photocopieur. En plus d’enfiler les clichés comme d’autres les perles (pochette des bois en noir et blanc, mec planqué au fin fond de sa forêt dont il ne sort pour ainsi dire jamais, corpse-paint de rigueur…), Sin Nanna, d’album en album, reste fidèle à une formule dont il ne se départira sans doute jamais, celle d’un black metal minimaliste et malsain, affreusement lancinant, volontairement répétitif, produit avec des moufles, bloc vaporeux et opaque édifié par des guitares bourdonnantes, parfois parasitées par des nappes de synthé funèbres, qui résonnent comme un écho funèbre, comme un appel vers le Styx et que fissurent des cris de gargouilles incompréhensibles qui semblent provenir d’une contrée lointaine. Coincé entre une poignée de pistes instrumentales aux confins de l’ambient, ces (très) longues complaintes agonisantes, dont certaines atteignent presque le quart d’heure, avancent à la vitesse d’un escargot ayant absorbé du valium par boîte de 12. Sinistres et mortifères, elles ouvrent les vannes de la décrépitude absolue qu’accompagne un profond mal être. Plus que jamais, Striborg nécessite de la part de l’auditeur courageux, une vraie exigence s’il veut parvenir au bout de ce (très) long chemin de croix. Plus que jamais Striborg est une question de foi plus que de raison. Que l’on balance au fond des chiottes (pour la majorité) ou dans les méandres lugubres duquel on accepte de plonger (le reste) jusqu’à y perdre son âme. Bien entendu, les esprits chagrins argueront que sans Varg Vikerness, Sin Nanna serait certainement resté muet dans sa cabane isolée, pourtant dans le genre, l’homme déploie un style qui n’appartient qu’à lui, qui n’a rien à voir par exemple, même si les invariants demeurent identiques, avec d’autres hordes qui se nourrissent aussi de l’humus burzumien telles que Xasthur, Leviathan, Drudkh ou Sombres Forêts pour citer quelques hommages récents à l’œuvre du Norvégien honni. Ni pire ni meilleur que ses aînés, Automnal Melancholy ne pourra donc que faire son trou chez les amoureux masochistes du black lent et maladif. (cT08)


Depressive Black Metal | 62:20 | Displeased Records




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