On le devine. Oui, rien qu’au visuel de Azimuths
to the Otherworld, mêlant nature et symboles cabalistiques, on devine
que son écoute tiendra de l’expérience sonore, davantage que de la simple
saillie black metal. Commençons d’abord par des présentations. Avant tout
laboratoire artistique de Aaron Carey, musicien fort d’un travail déjà
pléthorique, Nechochwen choisit comme expression un art noir philosophique aux
confins du neofolk, véritable oasis d’émotions. Tantôt saturé ou acoustique, le
projet, également piloté par une seconde âme responsable de la batterie et de
la basse, vagabonde sur une terre dépouillée au caractère instrumental prononcé
(seuls trois titres sont illuminés par des lignes vocales). Agglomérant
quatorze plage, parfois très courtes, pour près d‘une heure d‘écoute, Azimuths
to the Otherworld n’est
pas aisé à apprivoiser. Pourtant, la première d’entre elles,
« Allumhammochwen - The Crossing », infirme tout d’abord cette
impression avec ses tonalités très black metal. Mais ensuite, Nechochwen se
concentre sur ses atours les plus acoustiques. Les plus beaux aussi. Se
succèdent alors plusieurs plaintes osseuses émouvantes comme un chat qui dort
en boule : « At Night May I Roam », « Gissis Mikana » « Red
Ocher », que cisaille cependant un brusque passage électrique qui survient
sans crier gare… C’est magnifique. Comment résister à un bijou tel que
« Charnel Of Grandeur, alliage d’arpèges forestiers et de rifts noirs,
entre orage et accalmie ? C’est impossible. Bien que l’ombre du défunt
Empyrium plane par instants (« Confluence »), Nechochwen se veut
l’auteur d’une musique singulière, à la fois sombre et poétique, crépusculaire
et atmosphérique. Avec bien peu de choses, une guitare, sèche ou pas, quelques
notes de piano grêles (« Hunting Among The Stars »), une flute
discrète (The Forgotten Death Ritual »), l’Américain fait jaillir des
images élégiaques et terreuses aux teintes mélancoliques (la longue suite
« Four Effigies ») qui vous hantent longtemps après le disque
achevé. Malgré une architecture surprenante, où les moments de grâce
acoustiques - majoritaires - se voient parfois pollués par des éruptions black
metal, Azimuths to the Otherworld se
révèle être une œuvre passionnante dont la richesse recommande den multiplier
les aller-retour pour pouvoir en goûter l’intimité feutrée. Déroutant peut-être
mais monumental, c’est certain… un voyage dans des sphères célestes inaccessibles
aux êtres humains. (2010)
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