3 septembre 2010

KröniK | Nechochwen - Azimuths To The Otherworld (2010)


On le devine. Oui, rien qu’au visuel de Azimuths to the Otherworld, mêlant nature et symboles cabalistiques, on devine que son écoute tiendra de l’expérience sonore, davantage que de la simple saillie black metal. Commençons d’abord par des présentations. Avant tout laboratoire artistique de Aaron Carey, musicien fort d’un travail déjà pléthorique, Nechochwen choisit comme expression un art noir philosophique aux confins du neofolk, véritable oasis d’émotions. Tantôt saturé ou acoustique, le projet, également piloté par une seconde âme responsable de la batterie et de la basse, vagabonde sur une terre dépouillée au caractère instrumental prononcé (seuls trois titres sont illuminés par des lignes vocales). Agglomérant quatorze plage, parfois très courtes, pour près d‘une heure d‘écoute, Azimuths to the Otherworld n’est pas aisé à apprivoiser. Pourtant, la première d’entre elles, « Allumhammochwen - The Crossing », infirme tout d’abord cette impression avec ses tonalités très black metal. Mais ensuite, Nechochwen se concentre sur ses atours les plus acoustiques. Les plus beaux aussi. Se succèdent alors plusieurs plaintes osseuses émouvantes comme un chat qui dort en boule : « At Night May I Roam », « Gissis Mikana » « Red Ocher », que cisaille cependant un brusque passage électrique qui survient sans crier gare… C’est magnifique. Comment résister à un bijou tel que « Charnel Of Grandeur, alliage d’arpèges forestiers et de rifts noirs, entre orage et accalmie ? C’est impossible. Bien que l’ombre du défunt Empyrium plane par instants (« Confluence »), Nechochwen se veut l’auteur d’une musique singulière, à la fois sombre et poétique, crépusculaire et atmosphérique. Avec bien peu de choses, une guitare, sèche ou pas, quelques notes de piano grêles (« Hunting Among The Stars »), une flute discrète (The Forgotten Death Ritual »), l’Américain fait jaillir des images élégiaques et terreuses aux teintes mélancoliques (la longue suite « Four Effigies ») qui vous hantent longtemps après le disque achevé. Malgré une architecture surprenante, où les moments de grâce acoustiques - majoritaires - se voient parfois pollués par des éruptions black metal, Azimuths to the Otherworld se révèle être une œuvre passionnante dont la richesse recommande den multiplier les aller-retour pour pouvoir en goûter l’intimité feutrée. Déroutant peut-être mais monumental, c’est certain… un voyage dans des sphères célestes inaccessibles aux êtres humains. (2010)


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